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Ce que nous faisons, est ce « formidaaaaable » ?

Évidemment la phrase est une boutade. Elle fait écho à une conversation très intéressante que nous avons eue avec Matt et Jenny. Nous nous amusions ensemble de cette phrase que nous avons souvent entendu « Wouah c’est vraiment formidable ce que vous faites ». Nous savons bien sûr que les gens (famille, copains, amis etc.) forcent souvent le trait par pure gentillesse, mais cette expression revient quand même souvent. Elle pourrait même nous gêner un peu tant nous avons rencontré des gens « formidables » cette année ;).

Quoi qu’il en soit, sans fausse modestie, nous n’avons rien de formidable. Dans les faits, ce que nous avons réalisé au jour le jour n’a absolument rien de surhumain. C’est mis bout à bout que tous ces jours forment quelque chose « d’extra-ordinaire » au sens étymologique du terme. Finalement, nous avons cherché nos routes sur google maps, lu des blogs et des guides de voyage, vécu dans un camping-car français, dormi dans des hôtels… rien d’insurmontable pour quiconque a envie de le faire. A la rigueur, nous avons parfois pris de petits risques mais ils étaient mesurés dans le contexte où nous nous trouvions.

L’un des enseignements de cette année est surtout la démystification du voyage en lui-même. Alors que je lui parlais de mes surprises, Matthieu me demandait « mais tu t’attendais à quoi en partant au fait ? ». J’ai ri de bon cœur en réalisant combien je fantasmais sur les pistes de terre, les zones sauvages, les déserts, la difficulté d’avoir de l’eau… Mes fabulations n’étaient même pas cohérentes entre elles. Quand je pense avoir emmené par exemple une roue de secours (nous avons croisé plus de réparateurs de pneus que d’épiceries) ou une pompe manuelle pour filtrer de l’eau insalubre (l’eau se vend évidemment partout comme le coca)… La vérité est que voyager est très simple, que l’on trouve partout quasiment les mêmes structures et que l’on croise des voyageurs par centaines sur toutes les routes ! Bien sûr, nous avons rencontré des gens qui partent en haute montagne ou dans les déserts et qui gèrent un côté « autonomie/aventure » bien plus justifié. Mais pour nous qui sommes partis dans des endroits fréquentés, les chemins sont très bien balisés. Nous n’avons par exemple été que très rarement hors réseau cellulaire, cela en dit long.

Du coup, il en vient une certaine humilité sur notre aventure. Qui est le plus « grand voyageur » entre le camping cariste à 4 gosses, le cycliste nomade de 65 ans au Cambodge et le couple en camion 4X4 dans le désert en Iran ? La réponse n’existe pas. Rien ne se compare vraiment. En fait on trouve toujours plus taré que soi, ou pour dire mieux, on est toujours le fada d’un autre :).

Avec l’habitude, quand les gens nous disaient « courageux », « formidables » ou autre superlatif nous répondions toujours « Formidables, je ne sais pas, mais un peu dingues sûrement pour s’être lancés là-dedans en parfaits incompétents ».

Pour conclure donc, nous ne revenons pas avec le sentiment d’avoir accompli une gigantesque prouesse et c’est justement ce qui est bon. Nous ramenons tous, enfants compris, la certitude que voyager est simple, possible et que le monde est à notre portée. Alors, en route ?

Comment avez vous ressenti… la Turquie ?

Avant ce voyage, nous connaissions la Turquie, le plus mal possible, via deux séjours d’une semaine dans des clubs vacances. Une fois, prémisse de notre folie aventurière, nous avons franchi la porte du club pour louer un taxi et aller visiter Ephese… hoooouuu les dingues :).

Alors cette fois, nous la découvrons vraiment et l’adorons. C’est sans doute car elle est le premier pays vraiment dépaysant et celui de notre rencontre avec l’Islam, mais pas seulement.

Nous adorons la gentillesse des Turcs. Déjà à Istanbul, sur notre parking, ils viennent nous parler. Dans les rues, les anciens nous arrêtent pour offrir des Simits aux enfants, leur parler affectueusement ou effectuer un petit pas de danse avec eux…Magique. A notre première étape campagnarde, alors que les problèmes s’accumulaient, une jeune femme francophone m’a pris en charge et emmené dans sa voiture régler tous mes soucis en deux heures. Que dire de la réparation express de mon pneu par un pompiste ne parlant pas un mot d’aucune langue… Les Turcs, parfois un peu renfrognés au premier abord, sont serviables et généreux.

Leur sens de l’accueil se manifeste pour nous par de très belles rencontres. Murat nous croise devant une mosquée en rase campagne et nous passons deux jours avec sa famille. Eyub nous trouve au bout du rouleau au bas de son immeuble et sa famille entière nous accueille, nous câline et nous remet sur les rails. Trempé, fatigué et un peu gelé, j’entre dans un restaurant de standing près de Trabzon pour demander à rester une nuit sur son parking. Le patron nous accueille, nous fournit l’électricité, nous invite à rester trois jours et refuse que nous payons toutes nos consommations. Et nous avons beaucoup d’autres exemples. Certains moins marquants tiennent en une aide de quelques minutes ou l’offre d’un repas, de thé, de bonbons…Chez les Turcs, on ne plaisante pas avec l’hospitalité !

La laicité et la tolérance, même si je sais ces valeurs en danger, sont elles aussi impressionnantes. Aucun souci avec votre conviction religieuse : on ne vous pose pour ainsi dire jamais la question. Il est réellement courant de croiser dans la rue une jeune fille voilée donnant la main à un sosie de Shakira avec un décolleté hyper provoquant. En parallèle, il règne un profond sentiment de sécurité. Le strict respect des lois par chacun vous met en confiance. Nous dormons partout, ville ou campagne, et envoyons parfois nos deux grandes faire des courses seules dans les petites villes.

Alors que vous dire sur le chapitre politique ? Nous entrons dans le pays un mois après le putsch manqué et rien ne s’en ressent de notre point de vue. La « purge » Erdogan est en cours mais comment savoir si elle est légitime ou pas ? Finalement, la Turquie vit ces dernières décennies de putschs militaires en élection anticipée… est-ce quelque chose de « normal » ?

Du point de vu intérieur, Erdogan est un héros pour beaucoup. Il ramène la croissance et raffermit la position internationale du pays. Il faut bien comprendre que la Turquie n’a que Cent ans et fut bâtie par la force sur un tas de cendre en 1918-1920. Aujourd’hui, elle se sent coincée entre un Iran toujours dangereux, une Europe qui la refuse, des séparatistes intérieurs comme le pkk, la Syrie et l’Afghanistan en guerre, une Russie qui lorgne sur la mer noire… Bref un homme à poigne est ce que veulent les turcs pour garantir la survie de leur état. En quittant le pays, je disais qu’il fallait arrêter de juger si mal cet homme et laisser le peuple turc s’autodéterminer. Depuis son référendum de « président plein pouvoirs à vie », je suis un peu plus partagé. J’en parlerai à mon ami Eyub à l’occasion :).

Quoi qu’il en soit, mes dernières lignes doivent le crier : Allez en Turquie les yeux fermés. Vous ne serez pas déçus !

Comment avez vous ressenti… l’Iran ?

« Oulala, vous allez en Iran ? Vous êtes dingues ? ». C’est la réaction qu’ont connue chacun des voyageurs vers ce pays. Nous faisons évidemment partie du lot. Alors pourquoi y sommes-nous allés ? La réponse est simple : tous les blogueurs en reviennent ravis et nous ne faisons pas exception. Toutefois, il faut nuancer ce ravissement. L’Iran est l’un des pays préférés des enfants et le plus marquant pour Sylvain. Pour Stéphanie, il est « son meilleur et son pire à la fois ». Je vais détailler mais on peut dire que l’Iran, pour coller à la fameuse poésie de son peuple, souffle le chaud et le froid.

Alors qu’y a-t-il de bon en Iran ?

Premier point fort : les Iraniens, qui sont de loin ce qu’il y a de meilleur dans leur pays.

Tout d’abord, les iraniens viennent vers vous chaleureusement et spontanément. C’en est déroutant, même quand vous êtes prévenus. En Iran, n’espérez pas vous asseoir et méditer sur un banc de jardin public. Deux petites minutes s’écouleront avant qu’un premier iranien vienne converser avec vous. Quand on sait qu’en plus nombre d’entre eux parlent un bon anglais, vous imaginez le sentiment d’intégration que l’on ressent. Les raisons cet accueil sont multiples :

  • Les Iraniens sont sevrés de visiteurs vu le faible nombre de touristes
  • Ils sont très chaleureux entre eux et ont l’habitude de se parler tous un peu comme à des amis
  • Ils sont curieux et souvent conscients que l’occident leur est présenté via un prisme. Ils aiment donc poser des questions aux visiteurs
  • Ils aiment leur pays et savent qu’il est mal vu à l’étranger. Ils ont donc envie de vous accueillir et de vous montrer le meilleur d’eux-mêmes.
  • Beaucoup d’entre eux ont envisagé d’aller vivre (étudier par exemple) dans un pays de l’ouest. Ils s’y sont donc intéressés et aiment échanger à ce propos

Autre aspect, ils sont incroyablement hospitaliers. Chaque jour vous pourriez dormir et manger chez un Iranien sans la moindre difficulté. S’ils ne vous reçoivent pas, ils vont souvent vous offrir de la nourriture, des douceurs etc. On retrouve là le même sens de l’hospitalité que les Turcs mais renforcé par deux éléments : la fierté de recevoir un étranger (illustrée par le nombre de selfies qu’on fait avec vous) et le fait que cette hospitalité soit un devoir comparable à la politesse chez nous.

Enfin, ils veulent absolument vous aider. Sachant tous comment leur pays est perçu dans le monde, leur souci principal est que vous repartiez de l’Iran avec une image positive. Ce sentiment allié à leur hospitalité donne des choses incroyables : on vous livre des repas, vous guide pendant des jours dans une ville, vous transporte pour faire des courses et j’en passe. Un Iranien peut aller jusqu’à transgresser certaines lois pour vous faciliter la vie (entrée de musée sans payer, achat de carte sim sans passeport, ouverture des barières de péages sans payer, etc…).

Second point fort : le patrimoine historique et culturel du pays est impressionnant.

Cinq mille ans d’histoire, ça laisse des traces ! Et les Mollah, loin d’être parfaits, font malgré tout ce qu’il faut pour conserver le patrimoine. Il faut signaler qu’on voit surtout des mosquées datant de l’empire Ottoman, mais Persépolis par exemple est très bien traité. La richesse culturelle est elle aussi très grande vu le goût des Iraniens pour la poésie, la calligraphie et l’écriture en générale.

Troisième point fort : Le coût de la vie est très bas en Iran

Pour être plus terre à terre, il faut reconnaître que l’Iran ne coûte rien en camping-car. L’essence vaut à peine le prix de l’eau en bouteille, l’eau des robinets y est presque partout potable, la délicieuse nourriture si parfumée ne coûte pratiquement rien et les gens passent leur temps à vous en offrir. C’est tout bête, mais cela permet vraiment de profiter du pays. Un des aspects étranges est que les prix sont fixés par l’état et que le cours intérieur de la monnaie diffère de l’international. L’inflation est incontrôlable ! Ce bas coût se ressent un peu moins pour les entrées de monuments dont le tarif pour les étragers monte assez vite à 5€ par personne.

Alors, quel est le revers de la médaille ?

Premier point noir : la condition de la femme et le poids des traditions.

En soi, porter un voile et des manches longues n’est pas le plus gênant. Ce qui a le plus pesé à Stéphanie est que les hommes ne s’adressent pas à elle. En effet, que ce soit par conviction religieuse ou par respect de la coutume, les hommes ne lui parlaient jamais « sans moi ». Cela signifie que si j’étais en train d’utiliser le PC dans le camping-car et elle dehors avec les enfants, les hommes l’évitaient et entraient me parler. Et les femmes ? Dans les faits elles sont rarement dehors et quasiment toujours accompagnées de leur mari, lequel parle à leur place dans ce cas :). Fort heureusement, il y avait quelques exceptions, mais c’était vraiment à la marge.

Second point noir : « l’espionnage collectif potentiel».

En préambule je dois vous expliquer un truc. En gros, en Iran, il existe trois « forces de l’ordre » : La police qui gère les trucs à la noix comme la circulation, l’armée régulière qui obéit au gouvernement et « les gardiens de la révolution » qui obéissent uniquement et directement aux Ayatollah. Cette dernière se promène en civil et dispose de tous les pouvoirs, surtout quand elle débusque un « ennemi de la révolution» ou, pire, un ennemi de Allah. Maintenant quel est l’impact ? Vous ne savez jamais si vous pouvez parler librement. Certains Iraniens commencent leurs conversation en crachant sur les mollahs et d’autres ont l’Ayatollah Khomeiny comme image de fond sur leur Iphone. Pour autant, tout cela peut être de la façade ! Alors allez-vous y retrouver quand un gars vient vous demander si votre femme aime le voile, si vous croyez en Dieu ou essayer de vous faire dire que la république Islamique spolie le peuple. Ajoutez à cela que vous obtenez votre carte sim en échange d’une fiche Interpol avec vos empreintes et scan du passeport, vous commencerez à ressentir ce dont je vous parle. Ce n’est pas bloquant, mais ça pèse à la longue ! On ne parle plus librement, comme un Iranien en fait !

Point complémentaire : la profonde désinformation et adhérence aux traditions dont certains font preuve.

L’Iranien vous pleure rapidement sur l’épaule que son gouvernement est mauvais. En revanche, il est incapable de dire ce qui serait mieux. De plus, ce qu’il reproche aux Mollah n’est pas vraiment ce qui vous viendrait en premier à l’esprit. La condition de la femme par exemple n’est pas en fait un gros problème à leurs yeux. Celle-ci repose finalement sur la tradition plus que sur la loi ! Les hommes se verraient bien avoir plusieurs maîtresses mais sont prêt à renier leur sœur si elle ne se marie pas vierge ! Et c’est la même chose dans énormément de domaine. La tradition et tous les préceptes arriérés qui vont avec leurs sont inculqués dès la maternelle par les gardiens de la révolution qui sont présents dans chaque école. Pour bien enfoncer le clou, les mollahs expliquent dans leur propagande que les occidentaux vivent dans la dépravation la plus totale. On m’a ainsi parlé plusieurs fois (avec sérieux) d’échangisme entre amis, de beuveries quotidiennes et autres choses rigolotes qui seraient courantes dans nos mœurs françaises :). J’ai dû plusieurs fois leur expliquer que, à ma grande déception, les choses ne se passaient pas de la sorte en France ;). Il faut bien se rendre compte que cela fait trente ans que les Mollah manipulent ce peuple : Tous les jeunes n’ont en conséquence jamais connu que ce régime !

Troisième point noir : Il y a des choses où des sujets qui « n’existent pas ou plus » : Alcool interdit, homosexualité « qui n’existe pas en Iran », insulte que de se dire athée ou agnostique etc. Quand les jours passent, vous auriez bien envie d’une longue soirée à refaire le monde histoire de savoir si la cène était bien le premier apéritif du monde ou si Mahomet avait prévu l’interdiction de conduire pour les femmes saoudites du 20eme siècle…

Dernier point noir : Étrangement, le super accueil fini par vous fatiguer

Il y a un moment où vous êtes fatigués d’autant de promiscuité. C’est troublant quand on sait combien le plaisir du voyage réside dans l’échange, mais c’est une réalité. Au bout de plusieurs semaines, vous aimeriez parfois repasser inaperçu :). J’ai par exemple parfois attendu caché dans le camping-car qu’un gars s’éloigne avant de sortir installer mes cales. Sans cela, j’étais condamné à manger froid.

Et en conclusion

C’est pour toutes ces raisons que j’en viens à dire que l’Iran est mon pays le plus marquant. Il nous émerveille et nous pousse en même temps à réfléchir sur les régimes autocratiques, la propagande et la manipulation des masses. C’est surtout vrai quand un Iranien vient vous expliquer que c’est vous qui êtes manipulés par les médias et que seul l’Iran dit vrai par la voix de son Ayatollah…

En réelle conclusion, je dirai simplement « allez en Iran ! ». Ça vaut vraiment le détour, l’accueil est formidable, le pays fait réfléchir et la sécurité y est totale. Vous pourrez ainsi mesurer combien ce pays est complexe. De plus, plus nous serons nombreux à y aller, plus nous lutterons contre l’isolement de son peuple.

Les questions : Le cc mieux que le sac à dos… ou pas ?

Le voyage, c’est mieux en camping car ou en sac à dos ? une bonne réponse de normand : ça dépend.

Les avantages du Cc face à la baroude

Tout d’abord le camping car a un énorme point fort : il vous plonge au cœur du pays que vous traversez. Même si vous allez d’un site majeur à l’autre, vous faites forcément des arrêts au petit bonheur pour vous reposer, faire le plein, dormir, manger ou autre. C’est la que le pays se dévoile à vous. Les gens se demandent ce que vous faites là, viennent voir le Cc et pan vous n’êtes plus un touriste mais un visiteur. C’est alors que n’importe quoi peut arriver… surtout des rencontres mémorables. De guesthouse en guesthouse, vous vous retrouvez immanquablement avec des touristes (parfois par centaines dans les grandes villes) et encerclés de gens qui ont des choses à vendre. On se sent vraiment moins dépaysés et au contact du pays.

Ensuite certains des points faibles du cc lui donnent des avantages.  Devoir cuisiner vous plonge dans les commerces locaux et vous amène sur les marchés, chercher à faire le plein d’eau vous pousse à vous adresser au gens, vider les toilettes vous fait découvrir plein d’endroits secrets ;), effectuer les réparations et entretiens vous fait découvrir la mécanique à l’ancienne…

De plus le camping car peut vous emmener un peu partout, à l’exception de certaines grandes villes … et encore nous avons dormi garés dans le china Town de Kuala Lumpur avec notre Cc. Cet avantage est énorme car aucun endroit n’est compliqué à rejoindre, fûsse-t-il perdu au bout d’une route sans retour. En baroude, il vous faut sélectionner pour quel site vous êtres prêts à faire 9h de bus…

Enfin la maison camping-car se transporte avec vous. Vos enfants et vous avez donc des habitudes, de l’outillage, des ressources toujours à disposition. Je pense par exemple à l’école, le bricolage, les lits des enfants, les guides de voyage, le pc, l’eau et les bières. Pour les enfants, cela crée un contexte stable qui nous paraissait important.  En sac à dos tout doit justement tenir dans les sacs et cela impose de n’emporter que le strict strict minimum, de déplier et surtout de replier toute votre vie très très souvent…

Les défauts du camping car face au sac à dos

Étrangement vos allez retrouver ici des points positifs tournés en défauts, mais cela se comprend assez bien.

En premier lieu le camping-car revient vite cher. Comptez très vite trente mille euros pour une occasion récente. Vous pouvez objecter qu’il en existe des vieux et c’est vrai, mais il n’en reste pas moins les autres coûts qui sont liés comme le CPD ou les shippings. Le CPD, carnet de passage en douane, est une caution que vous mettez sous séquestre pour pouvoir entrer dans certains pays avec votre Cc. Le montant est de une fois et demi la valeur du véhicule (voire plus selon les pays que vous souhaitez visiter). On vous rendra l’argent, mais il faut le donner au départ… Les shippings sont à la fois chers et compliqués à gérer. Il faut compter mille cinq-cent euros au port de départ, autant dans celui d’arrivée et de mille cinq-cent à quatre mille euros pour le fret en mer selon distance. Si vous divisez cela par le prix d’une nuit d’hôtel et des billets d’avion, cela rend l’amortissement difficile selon les pays. Attention, il semble que les shippings vers les Amériques soient beaucoup moins chers. Il faut donc moduler mon discours.

De plus, le camping car amène des procédures supplémentaires. Ce n’est en soi pas si compliqué mais si vous prenez notre cas avec la Thaïlande nous n’avons finalement pas pu entrer dans le pays… Les visas et procédures pour les personnes sont souvent bien plus simples que pour votre maison roulante. Ces procédures se cumulent automatiquement aux histoires de shippings car vous changez de pays.

Autre point : La gestion des ressources énergétiques est souvent très serrée. Quasiment tous les voyageurs en cc que nous avons  rencontrés ont comme nous appris à passer leur smartphone en mode avion dès  que possible, limiter leur nombre de douches, éviter d’allumer les lumières avant le noir total, chercher au maximum les toilettes publiques pour économiser la box et on en passe. C’est une formidable expérience mais il faut bien en être conscient. Quand il fait 35 degrés et que vous n’avez le droit qu’à un petit ventilateur USB (à se partager) pour vous rafraîchir, vous êtes moins philosophe et vous prendriez bien une bonne douche si… vous aviez plus d’eau :). Dans le même registre, le gaz n’est pas simple à se procurer en remplissage ou en bouteille de remplacement car les connecteurs divergent. Pas de gaz, pas d’eau chaude ni de frigo… On vit sans et nous l’avons fait plusieurs semaines, mais cela change la donne. Dans une vie d’hôtel vous n’aurez aucun de ces soucis.

Il faut ajouter que dans le camping car, vous vivez tous ensemble jour et nuit. Sans parler de l’intimité « corporelle », cela vous prive un peu aussi de celle des discussions sans enfants. Difficile parfois de se garder du temps pour débriefer les journées ou préparer les voyages à court et moyen terme. En guesthouse, nous avons deux chambres et cela change pas mal de choses.

Enfin, votre camping car vous emmène partout, nous l’avons même cité comme un avantage. Mais il faut bien reconnaître aussi que cela vous prive parfois d’expérience (ou les rend plus difficiles). Nous pouvons  citer le plaisir de faire deux jours de croisière d’un site à l’autre, de prendre des bus locaux, de négocier tous vos tarifs… Ce sont aussi des choses qui vous rapprochent d’un pays quand vous vous promenez en sac à dos.

Conclusion de Sylvain  ?

C’est hyper subjectif et je vous donnerai donc ma position. Le cc est plus consommateur en énergie (Je veux parler de la vôtre) mais il est la meilleure façon de s’imprégner d’un pays.

Il est plus économique dans les pays développés mais pas dans les pays cheap.

Il est plus stable pour votre vie de famille mais après six mois de voyage cc et deux de baroude les quatre filles gèrent très bien de changer 10 fois de guesthouse en 12 nuits. Cela les amuse même pas mal…

Si je devais refaire ma route, je ferais à nouveau du CC en Europe et au Moyen Orient. En revanche, je ferais du sac à dos en Asie du sud est. Grâce au budget plus bas je louerais des véhicules assez fréquemment pour être plus autonome. On perd la possibilité de dormir dans les villages mais finalement baladez-vous à six ou sept rues de votre guesthouse dans un village de 1000 habitants avec 4 enfants  et vous croiserez le vrai pays…

Je vous ai tout dit, enfin je crois… s’il le faut je ferai des mise à jour de cet article. Si vous y ressentez parfois des avis trop tranchés, c’est seulement que j’ai voulu indiquer clairement ma propre opinion. Il y a autant de façon de voyager que de voyageurs !

Conclusion de Steph

Le Cc, c’était génial. Que de belles rencontres… Une stabilité, un certain confort, des habitudes… Nous avons investi un temps de dingue à le trouver, le préparer, l’adapter, lui confectionner ses pochettes, lui préparer ses papiers, … et également beaucoup de sous.  Sylvain s’occupait beaucoup de la logistique (rôle que j’ai un peu repris avec les réservations des guesthouses, la recherche des horaires et des moyens de transports) et je trouvais sympa de me reposer sur lui…

Je suis donc triste de l’avoir quitté.

Mais bon, pas le choix, alors Positivons. Il fait vraiment très très  chaud et les chambres ventilées ou climatisées avec les douches sont vraiment un grand luxe. On rencontre moins de locaux, mais un paquet de baroudeurs très sympas.

A refaire ? Aujourd’hui, on n’est devenus assez baroudeurs pour repartir sans Cc et les complications qui vont avec. En louant des voitures ou des vans avec chauffeurs…

Donc ? Le prochain voyage serait en sac à dos, mais merci beaucoup à notre Cc sans qui on n’aurait jamais entrepris ce voyage.

Le mot de Marine : Le Cc c’est plus cool pour rencontrer les gens des villages, mais la clim, c’est super chouette.

Le mot de Morgane : je préfère le sac à dos car je ne dors pas avec Romane dans mon lit et on prend pleins de tuktuks.

Le mot de Romane : je préfère le sac à dos, car on fait pleins de randonnées la nuit pour trouver des hôtels et je peux voir les étoiles, j’admire les paysages dans les trains, les bus et les bateaux, je peux jouer à m’installer. La seule chose que je n’aime pas, c’est porter mon sac à dos.

Le mot de Manon : elle est où ma nouvelle chambre ? Par terre dans le bus ? En plus, je n’ai pas de sac à dos…

 

 

Gros bécots d’une guesthouse au fin fond du Laos, à Tha Lang.