Avant ce voyage, nous connaissions la Turquie, le plus mal possible, via deux séjours d’une semaine dans des clubs vacances. Une fois, prémisse de notre folie aventurière, nous avons franchi la porte du club pour louer un taxi et aller visiter Ephese… hoooouuu les dingues :).
Alors cette fois, nous la découvrons vraiment et l’adorons. C’est sans doute car elle est le premier pays vraiment dépaysant et celui de notre rencontre avec l’Islam, mais pas seulement.
Nous adorons la gentillesse des Turcs. Déjà à Istanbul, sur notre parking, ils viennent nous parler. Dans les rues, les anciens nous arrêtent pour offrir des Simits aux enfants, leur parler affectueusement ou effectuer un petit pas de danse avec eux…Magique. A notre première étape campagnarde, alors que les problèmes s’accumulaient, une jeune femme francophone m’a pris en charge et emmené dans sa voiture régler tous mes soucis en deux heures. Que dire de la réparation express de mon pneu par un pompiste ne parlant pas un mot d’aucune langue… Les Turcs, parfois un peu renfrognés au premier abord, sont serviables et généreux.
Leur sens de l’accueil se manifeste pour nous par de très belles rencontres. Murat nous croise devant une mosquée en rase campagne et nous passons deux jours avec sa famille. Eyub nous trouve au bout du rouleau au bas de son immeuble et sa famille entière nous accueille, nous câline et nous remet sur les rails. Trempé, fatigué et un peu gelé, j’entre dans un restaurant de standing près de Trabzon pour demander à rester une nuit sur son parking. Le patron nous accueille, nous fournit l’électricité, nous invite à rester trois jours et refuse que nous payons toutes nos consommations. Et nous avons beaucoup d’autres exemples. Certains moins marquants tiennent en une aide de quelques minutes ou l’offre d’un repas, de thé, de bonbons…Chez les Turcs, on ne plaisante pas avec l’hospitalité !
La laicité et la tolérance, même si je sais ces valeurs en danger, sont elles aussi impressionnantes. Aucun souci avec votre conviction religieuse : on ne vous pose pour ainsi dire jamais la question. Il est réellement courant de croiser dans la rue une jeune fille voilée donnant la main à un sosie de Shakira avec un décolleté hyper provoquant. En parallèle, il règne un profond sentiment de sécurité. Le strict respect des lois par chacun vous met en confiance. Nous dormons partout, ville ou campagne, et envoyons parfois nos deux grandes faire des courses seules dans les petites villes.
Alors que vous dire sur le chapitre politique ? Nous entrons dans le pays un mois après le putsch manqué et rien ne s’en ressent de notre point de vue. La « purge » Erdogan est en cours mais comment savoir si elle est légitime ou pas ? Finalement, la Turquie vit ces dernières décennies de putschs militaires en élection anticipée… est-ce quelque chose de « normal » ?
Du point de vu intérieur, Erdogan est un héros pour beaucoup. Il ramène la croissance et raffermit la position internationale du pays. Il faut bien comprendre que la Turquie n’a que Cent ans et fut bâtie par la force sur un tas de cendre en 1918-1920. Aujourd’hui, elle se sent coincée entre un Iran toujours dangereux, une Europe qui la refuse, des séparatistes intérieurs comme le pkk, la Syrie et l’Afghanistan en guerre, une Russie qui lorgne sur la mer noire… Bref un homme à poigne est ce que veulent les turcs pour garantir la survie de leur état. En quittant le pays, je disais qu’il fallait arrêter de juger si mal cet homme et laisser le peuple turc s’autodéterminer. Depuis son référendum de « président plein pouvoirs à vie », je suis un peu plus partagé. J’en parlerai à mon ami Eyub à l’occasion :).
Quoi qu’il en soit, mes dernières lignes doivent le crier : Allez en Turquie les yeux fermés. Vous ne serez pas déçus !