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Comment avez vous ressenti… l’Iran ?

« Oulala, vous allez en Iran ? Vous êtes dingues ? ». C’est la réaction qu’ont connue chacun des voyageurs vers ce pays. Nous faisons évidemment partie du lot. Alors pourquoi y sommes-nous allés ? La réponse est simple : tous les blogueurs en reviennent ravis et nous ne faisons pas exception. Toutefois, il faut nuancer ce ravissement. L’Iran est l’un des pays préférés des enfants et le plus marquant pour Sylvain. Pour Stéphanie, il est « son meilleur et son pire à la fois ». Je vais détailler mais on peut dire que l’Iran, pour coller à la fameuse poésie de son peuple, souffle le chaud et le froid.

Alors qu’y a-t-il de bon en Iran ?

Premier point fort : les Iraniens, qui sont de loin ce qu’il y a de meilleur dans leur pays.

Tout d’abord, les iraniens viennent vers vous chaleureusement et spontanément. C’en est déroutant, même quand vous êtes prévenus. En Iran, n’espérez pas vous asseoir et méditer sur un banc de jardin public. Deux petites minutes s’écouleront avant qu’un premier iranien vienne converser avec vous. Quand on sait qu’en plus nombre d’entre eux parlent un bon anglais, vous imaginez le sentiment d’intégration que l’on ressent. Les raisons cet accueil sont multiples :

  • Les Iraniens sont sevrés de visiteurs vu le faible nombre de touristes
  • Ils sont très chaleureux entre eux et ont l’habitude de se parler tous un peu comme à des amis
  • Ils sont curieux et souvent conscients que l’occident leur est présenté via un prisme. Ils aiment donc poser des questions aux visiteurs
  • Ils aiment leur pays et savent qu’il est mal vu à l’étranger. Ils ont donc envie de vous accueillir et de vous montrer le meilleur d’eux-mêmes.
  • Beaucoup d’entre eux ont envisagé d’aller vivre (étudier par exemple) dans un pays de l’ouest. Ils s’y sont donc intéressés et aiment échanger à ce propos

Autre aspect, ils sont incroyablement hospitaliers. Chaque jour vous pourriez dormir et manger chez un Iranien sans la moindre difficulté. S’ils ne vous reçoivent pas, ils vont souvent vous offrir de la nourriture, des douceurs etc. On retrouve là le même sens de l’hospitalité que les Turcs mais renforcé par deux éléments : la fierté de recevoir un étranger (illustrée par le nombre de selfies qu’on fait avec vous) et le fait que cette hospitalité soit un devoir comparable à la politesse chez nous.

Enfin, ils veulent absolument vous aider. Sachant tous comment leur pays est perçu dans le monde, leur souci principal est que vous repartiez de l’Iran avec une image positive. Ce sentiment allié à leur hospitalité donne des choses incroyables : on vous livre des repas, vous guide pendant des jours dans une ville, vous transporte pour faire des courses et j’en passe. Un Iranien peut aller jusqu’à transgresser certaines lois pour vous faciliter la vie (entrée de musée sans payer, achat de carte sim sans passeport, ouverture des barières de péages sans payer, etc…).

Second point fort : le patrimoine historique et culturel du pays est impressionnant.

Cinq mille ans d’histoire, ça laisse des traces ! Et les Mollah, loin d’être parfaits, font malgré tout ce qu’il faut pour conserver le patrimoine. Il faut signaler qu’on voit surtout des mosquées datant de l’empire Ottoman, mais Persépolis par exemple est très bien traité. La richesse culturelle est elle aussi très grande vu le goût des Iraniens pour la poésie, la calligraphie et l’écriture en générale.

Troisième point fort : Le coût de la vie est très bas en Iran

Pour être plus terre à terre, il faut reconnaître que l’Iran ne coûte rien en camping-car. L’essence vaut à peine le prix de l’eau en bouteille, l’eau des robinets y est presque partout potable, la délicieuse nourriture si parfumée ne coûte pratiquement rien et les gens passent leur temps à vous en offrir. C’est tout bête, mais cela permet vraiment de profiter du pays. Un des aspects étranges est que les prix sont fixés par l’état et que le cours intérieur de la monnaie diffère de l’international. L’inflation est incontrôlable ! Ce bas coût se ressent un peu moins pour les entrées de monuments dont le tarif pour les étragers monte assez vite à 5€ par personne.

Alors, quel est le revers de la médaille ?

Premier point noir : la condition de la femme et le poids des traditions.

En soi, porter un voile et des manches longues n’est pas le plus gênant. Ce qui a le plus pesé à Stéphanie est que les hommes ne s’adressent pas à elle. En effet, que ce soit par conviction religieuse ou par respect de la coutume, les hommes ne lui parlaient jamais « sans moi ». Cela signifie que si j’étais en train d’utiliser le PC dans le camping-car et elle dehors avec les enfants, les hommes l’évitaient et entraient me parler. Et les femmes ? Dans les faits elles sont rarement dehors et quasiment toujours accompagnées de leur mari, lequel parle à leur place dans ce cas :). Fort heureusement, il y avait quelques exceptions, mais c’était vraiment à la marge.

Second point noir : « l’espionnage collectif potentiel».

En préambule je dois vous expliquer un truc. En gros, en Iran, il existe trois « forces de l’ordre » : La police qui gère les trucs à la noix comme la circulation, l’armée régulière qui obéit au gouvernement et « les gardiens de la révolution » qui obéissent uniquement et directement aux Ayatollah. Cette dernière se promène en civil et dispose de tous les pouvoirs, surtout quand elle débusque un « ennemi de la révolution» ou, pire, un ennemi de Allah. Maintenant quel est l’impact ? Vous ne savez jamais si vous pouvez parler librement. Certains Iraniens commencent leurs conversation en crachant sur les mollahs et d’autres ont l’Ayatollah Khomeiny comme image de fond sur leur Iphone. Pour autant, tout cela peut être de la façade ! Alors allez-vous y retrouver quand un gars vient vous demander si votre femme aime le voile, si vous croyez en Dieu ou essayer de vous faire dire que la république Islamique spolie le peuple. Ajoutez à cela que vous obtenez votre carte sim en échange d’une fiche Interpol avec vos empreintes et scan du passeport, vous commencerez à ressentir ce dont je vous parle. Ce n’est pas bloquant, mais ça pèse à la longue ! On ne parle plus librement, comme un Iranien en fait !

Point complémentaire : la profonde désinformation et adhérence aux traditions dont certains font preuve.

L’Iranien vous pleure rapidement sur l’épaule que son gouvernement est mauvais. En revanche, il est incapable de dire ce qui serait mieux. De plus, ce qu’il reproche aux Mollah n’est pas vraiment ce qui vous viendrait en premier à l’esprit. La condition de la femme par exemple n’est pas en fait un gros problème à leurs yeux. Celle-ci repose finalement sur la tradition plus que sur la loi ! Les hommes se verraient bien avoir plusieurs maîtresses mais sont prêt à renier leur sœur si elle ne se marie pas vierge ! Et c’est la même chose dans énormément de domaine. La tradition et tous les préceptes arriérés qui vont avec leurs sont inculqués dès la maternelle par les gardiens de la révolution qui sont présents dans chaque école. Pour bien enfoncer le clou, les mollahs expliquent dans leur propagande que les occidentaux vivent dans la dépravation la plus totale. On m’a ainsi parlé plusieurs fois (avec sérieux) d’échangisme entre amis, de beuveries quotidiennes et autres choses rigolotes qui seraient courantes dans nos mœurs françaises :). J’ai dû plusieurs fois leur expliquer que, à ma grande déception, les choses ne se passaient pas de la sorte en France ;). Il faut bien se rendre compte que cela fait trente ans que les Mollah manipulent ce peuple : Tous les jeunes n’ont en conséquence jamais connu que ce régime !

Troisième point noir : Il y a des choses où des sujets qui « n’existent pas ou plus » : Alcool interdit, homosexualité « qui n’existe pas en Iran », insulte que de se dire athée ou agnostique etc. Quand les jours passent, vous auriez bien envie d’une longue soirée à refaire le monde histoire de savoir si la cène était bien le premier apéritif du monde ou si Mahomet avait prévu l’interdiction de conduire pour les femmes saoudites du 20eme siècle…

Dernier point noir : Étrangement, le super accueil fini par vous fatiguer

Il y a un moment où vous êtes fatigués d’autant de promiscuité. C’est troublant quand on sait combien le plaisir du voyage réside dans l’échange, mais c’est une réalité. Au bout de plusieurs semaines, vous aimeriez parfois repasser inaperçu :). J’ai par exemple parfois attendu caché dans le camping-car qu’un gars s’éloigne avant de sortir installer mes cales. Sans cela, j’étais condamné à manger froid.

Et en conclusion

C’est pour toutes ces raisons que j’en viens à dire que l’Iran est mon pays le plus marquant. Il nous émerveille et nous pousse en même temps à réfléchir sur les régimes autocratiques, la propagande et la manipulation des masses. C’est surtout vrai quand un Iranien vient vous expliquer que c’est vous qui êtes manipulés par les médias et que seul l’Iran dit vrai par la voix de son Ayatollah…

En réelle conclusion, je dirai simplement « allez en Iran ! ». Ça vaut vraiment le détour, l’accueil est formidable, le pays fait réfléchir et la sécurité y est totale. Vous pourrez ainsi mesurer combien ce pays est complexe. De plus, plus nous serons nombreux à y aller, plus nous lutterons contre l’isolement de son peuple.

IRAN – Bander Abbas et le shipping

Sur la route de Bander Abbas

avant notre départ de Shiraz, Maziar nous a recommandé deux arrêts possibles : Fasa et Darab. Nous atteignons la première vers 12h et décidons que vu sa taille nous ne ferons qu’y manger.

Au soir, vers 17h nous faisons donc halte à Darab près d’une aire de jeux. Vers 20h, un jeune iranien vient nous trouver en disant « it is not safe here » et nous emmène en plein centre ville dans un parc plutôt sympa mais bruyant…
Les jeunes iraniens désœuvrés font les « quéqués de Bacqueville » (expression brevetée de Saâne Saint Just) avec leurs 125. A trois dessus, ils font des ronds et des courses sur tous les boulevards. Nous arrivons toutefois à dormir une fois qu’ils se sont lassés de venir nous observer.

Le lendemain, une classe d’école est sur l’aire de jeux. J’y emmène Manon qui… nous vomit tout son repas comme un geyser.
Après Marine, malade depuis 2 jours, c’est la seconde à y passer. Nous pensons que le partage de lit pourrais faciliter la transmission de virus. Après avoir fait visiter le CC à toute la classe, 20161101_110127-mediumnous partons chercher un repas dans la ville et rencontrons Farhad

Comment j’ai prêté ma fille à des iraniens

Farhad tient absolument à ce que sa fille rencontre les nôtres. Il ferme son agence de voyage pour nous rejoindre au parc. Sa fille de 11 ans est un véritable soleil, parle mieux l’anglais que lui et s’entend incroyablement bien avec Morgane. dscf5394-mediumElle demande donc si Morgane peut l’accompagner le soir à son cours de gym… chose que nous n’osons refuser tant elles semblent heureuses. C’est seulement quand Morgane est partie seule dans la voiture de la maman que nous nous sommes dit que c’était peut être léger de notre part… Mais évidemment, elle est bel et bien revenue, et enchantée qui plus est !dscf5398-medium

Le combat de Bander Abbas

Nous roulons dès le lendemain matin 5 heures pour atteindre notre port de départ. En arrivant, c’est le choc attendu : 35 degré au moins, un taux d’humidité au delà de 80% et pas de vent… Nous nous installons face à la mer sur le refuge de tous les blogueurs et y retrouvons nos amis  allemands Birte et Mickael. Ils nous  apprennent qu’un bateau part trois jours plus tard et qu’avec le we nous devons donc aller chercher et payer nos billets dès le lendemain.

De peur d’être perdus, nous avons pris un agent via un ami de Marzian. Le lendemain, il m’emmène au bureau de la compagnie et je découvre que je dois payer en cash. Par chance, le montant correspond à… tout l’argent qu’il nous reste à 25€ près (je mettrai le détail en bas du post pour de futurs voyageurs (*) ). Ces 25€ devront nous faire vivre durant 3 jours et nous devons « faire apparaitre » 100€ pour payer notre agent.

Nous allons donc vivoter durant 3 jours sur cette plage hyper fréquentée par les iraniens en quête de fraîcheur. Ils viennent y dormir dehors sur leurs tapis.20161103_214144_night-medium dscf5401-medium Nous y ferons de nombreuses rencontres plus ou moins collantes, marrantes mais toujours enrichissantes !

La douleur du shipping

Le samedi matin, rendez vous à 9h avec toute la famille au port pour faire les papiers. Il faut bien cela car le bateau part à… 21h ! Pour y aller, la route passe par… une plage à 6 voies !20161105_091108-mediumJe colle au train de mon agent qui va mettre trois heures top chrono pour faire les 150 bureaux et signatures requis. C’est exactement le même temps que Birte et Mickael mettent pour le faire sans agent :).
Vers 12h, nous commençons donc à attendre car on va nous appeler vers… 18h !! pour charger les véhicules. Durant ce petit moment de plaisir, nous rencontrons d’autres voyageurs avec qui nous allons vivre « ce voyage extraordinaire ». Pour les enfants, c’est long, très long, et empiré par le fait que nous les nourrissons exclusivement au pain afin de garder nos derniers deniers en cas de « backshish surprise ». Heureusement, le charme des petites agit encore : Un douanier zappe les informations nationales pour passer aux dessins animés avant de se mettre à jouer pendant deux heures avec Manon.20161105_161003-mediumEnfin, il est 21h ! Mais le système informatique a planté. Il faut attendre l’impression de deux derniers billets…
A 22h, nous démarrons finalement le voyage dans un ferry digne des années 70 françaises, sale au possible et embaumant le mazout. 20161105_211933-mediumOn nous sert un « poulet/riz » en nous passant (en Farsi non sous titré) un film historique de 1967 racontant le massacre des musulmans Libyens par les méchants italiens. Malgré cela, nos courageux enfants vont dormir correctement dans leurs duvets (y compris Manon) et nous avec du coup…20161105_233334-medium

Mais ce n’est pas fini…

A 9h le lendemain, nous arrivons au port de Sharjah (près de Dubaï). 20161106_083246-medium20161106_093748-mediumNous avons 4 véhicules touristes avec nous : Birte et Mickael, un jeune couple belge et deux jeunes motards en vadrouille. Nous décidons de faire toutes les démarches ensemble. Cela va nous prendre… 7h !!! et 268 € !!!! Et pendant ce temps, Stéphanie et les enfants attendent dans une salle (climatisée ouf). Quand nous sommes libérés le soir par les douanes, c’est la délivrance et les grandes effusions :). Nous avons au final passé quasiment 36h consécutives à poireauter dans ce transit : un enfer pour les enfants qui dans notre cas ont malgré tout bien joué le jeu !dscf5409-medium

(*) Détail des prix du shipping

Bander Abbas :

tickets famille 2 900 000 Rials par adulte et 1 450 000 Rials par enfant de moins de 10 ans (prix officiel partout)

Ticket véhicule environ 800€ sans aucune explication du calcul ni négociation possible

100 € pour l’agent inutile car vous pouvez tout faire vous même en prenant vos tickets aux bureaux de la compagnie.

Sharjah

425 Dirhams pour la fin des frais de la compagnie de shipping (on ne vous en parlera pas en Iran : ils disent « ne pas savoir s’il y a des frais de l’autre côté »

20 + 80 Dirahms pour des coup de tampon et une visite du camping car par un douanier

550 Dirahms pour des frais dans le port (du « handling » principalement) alors que c’est vous qui conduirez votre véhicule de bout en bout…

 

 

IRAN – PERSEPOLIS SHIRAZ

Rappel du dernier épisode

Nous avons quitté Esfahan guillerets pour aller visiter Pasargades et surtout Persépolis.

Pasargades… vite fait

Cette ville dont j’ignorais l’existence était la capitale de l’empire Perse avant que Persépolis ne soit crée. Sur le papier, ça en jette, mais pour les yeux, il ne reste que pas mal de cailloux au sol et… la méga tombe de Cyrus, seul bâtiment resté debout.20161027_120502-mediumLe monsieur fut le premier à unifier les empires Perses et Mèdes il y a 2500 ans. Du coup, on comprend qu’il ait pu prendre un peu la grosse tête et se préparer une tombe de 17m de haut…20161027_121651-mediumTout cela, c’est Manon qui nous l’a traduit car c’est écrit en Farsi sur les panneaux ;).

Persépolis, la ville millénaire

Nous arrivons en fin d’après midi sur le site le plus réputé d’Iran. La ville a été fondée et embellie par les successeur de Cyrus pour marquer les changements de leur empire. Nous décidons une visite en deux temps. Stéphanie et les trois grandes découvrent ces magnifiques pierres et terminent par une grosse glace pour se féliciter de cette « superbe visite ».

Sylvain pour sa part préfère attendre le lendemain à l’aube pour choper un groupe de français, profiter des longues explications de leur guide et passer trois heures à contempler les cailloux millénaires.
dscf5300-mediumdscf5251-medium dscf5293-mediumNous avons même retrouvé la faïence de la cuisine de Mamy à Nantes !dscf5264-mediumLors de la visite « courte », Marine, par l’odeur des glaces alléchée, en oublie notre guide de l’Iran sur un banc. Perdu! Catastrophe ! L’Iran (avec nos difficultés de connexion internet) sans guide… youpi ! Stéphanie trouve alors un vendeur parlant un peu le français et part avec lui faire le tour de toutes les échoppes de Persépolis. Mais personne ne l’a récupéré. Ému par son désarroi,  il lui promet d’en rapporter un le lendemain, en français qui plus est…
« Perse et Police », l’Iran parfois dur à comprendre
Nous allons nous coucher un peu triste sur le parking de Persépolis lorsque la police arrive. « Impossible de rester ici, on vide tout le parking. Dehors! » (Enfin en iranien bien-sûr). Tous les gens replient leurs tentes et leurs tonnes de matériel pour pique-niquer. On nous envoie vers un second endroit. Le gardien d’environ 15 ans et demi (mais armé jusqu’aux dents) nous met littéralement dehors en nous hurlant dessus et sûrement en nous insultant, mais bon… heureusement… nous ne comprenons toujours pas le Farsi.
Nous partons donc dans un troisième endroit,et là encore la police nous vire… Les armes fleurissent dans tous les sens. Que se passe-t-il ?  Nous avons également perdu notre connexion internet. Est ce que le guide suprême viendrait visiter Persépolis demain. Si c’est le cas, nous allons essayer de réaliser un selfie avec lui !
Un jeune iranien nous vient en aide. Il papote 5 minutes avec les derniers policiers rencontrés et nous conduit en vélo… au second endroit d’où nous venons de nous faire virer en beauté. Et cette fois, le garde à peine pubère nous accepte dans les gardens de Persépolis. Bref, la grande classe. Nous apprendrons plus tard que le lendemain était l’anniversaire de Cyrus, le fameux empereur perse. Les iraniens profitent de cette fête « pré islamique » pour venir manifester leur mécontentement. Plus d’un million de personnes seront présentes le lendemain (d’après nos rapporteurs).
Au petit matin, Sylvain fait sa visite avant d’aller voir le copain de Stéphanie qui effectivement, tout fier, nous offre un guide de l’Iran. C’est une édition 2016  très intéressante que des touristes avaient oubliée eux aussi. Ils sont trop forts ces iraniens.
 Shiraz, dernière grande étape
Nous avons bien préparé notre installation. Nous partons serein et passons une partie de la route  à chanter avec les enfants. Notre cible : le superbe jardin Azadi avec parc d’attraction intégré. Mais le camping car fait dix centimètres de trop en largeur pour rentrer dans le parking officiel.  Second parking, « the boss » ne veut pas de nous. Troisième parking d’un très grand hôtel : 20 dollars la nuit malgré la présence de Manon et le « lèche botte blues » légendaire de Sylvain. Nous voila sur un parking pourri au bord d’un boulevard hyper bruyant. Zut ! Bon, les enfants profitent malgré tout très bien des manèges (désolé pour les photos, il faisait nuit :) ).

20161028_202219-medium20161028_201844_night-mediumNous sommes à peine couchés lorsque qu’on frappe à la porte. Des cadeaux à cette heure-ci ? Non… la police. Le parking ferme à 20h. « mais il est23h là ». Après négociations (« les enfants dorment »), nous pouvons rester, mais départ à 8h. Le lendemain, « Toc toc » Hein? Il est 7h 40,tout le monde dort. Steph enfile son voile, Sylvain un pantalon et zou nous partons nous garer dans la rue avec les enfants encore dans leurs lits. Le moral est moyen. Et devinez quoi? La magie iranienne agit encore. « Hello, you can’t sleep here the police will faire chier you » Steph est trop contente, un homme lui adresse la parole ! Maziar, notre sauveur, monte et nous conduit dans son passage privé qui donne sur le parc. Avec un gardien au bout. Elle n’est pas belle la vie? Encore une superbe rencontre qui nous fera découvrir l’Iran, nous invitera dans son restaurant où nous aurons de vrais conversations de société impossibles  à raconter dans ce blog. 20161031_093525-mediumNous découvrons surtout que nous ne sommes pas les seuls à avoir des clichés ! Si vous saviez quels mœurs nous prêtent certains iraniens :). Nous passerons ainsi deux jours à visiter Shiraz, son château, dscf5312-mediumses mosquées, dscf5337-medium20161029_162146-medium20161029_161815-medium20161029_161700-medium20161029_163131-medium son bazar (j’adore leurs portes en bois gigantesques),dscf5334-medium ses jardins (« Eram garden » ci-dessous).dscf5382-mediumdscf5384-mediumdscf5348-mediumNous allons rencontrer dans ce jardin de jeunes artistes qui nous demandent un barbouillis exprimant ce que nous ressentons de l’Iran (bon ou mauvais). Les enfants s’y collent avant moi. L’occasion d’une franche rigolade sur le pays :). Nous espérons recevoir par email le résultat final de nos travaux « revus et corrigés ».

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Petite tranche de vie locale
Pour la petite histoire, les boulangeries n’ouvrent ici qu’aux heures « pré repas ». Elles vendent alors soit des lavash (crêpes de pain pressées à la machine) ou de délicieux pains cuits au feu de bois (sorte de Barbaris). Nous les achetons chauds au passage comme « gagne temps » pour chercher notre pitance sans subir les hurlements des estomacs infantiles. Tout le monde adore !dscf5307-medium
Et après ?
Après deux jours à Shiraz nous faisons nos adieux à Maziar qui nous conseille deux étapes vers Bandar Abbas. Dernière ligne droite vers Dubaï.
Nous sommes relativement inquiets car notre plan « bien préparé » pour quitter l’Iran part en cacahouètes. Nous avons donc envie d’être très vite sur place pour gérer tout cela.

IRAN – KASHAN ESFAHAN

Rappel de l’épisode précédent

je vous ai laissés sans nouvelles depuis notre départ de Téhéran. Evidemment, il s’est passé énormément de choses dans ce pays si différent. C’est le premier pays à culture « non Européenne » que nous traversons. Nous sommes toujours déboussolés dans pas mal de domaines. Les prix par exemple restent compliqués… Ils sont rarement affichés, si oui c’est en Farsi et exprimé en « Toman » qui est 1/10 du Rial, lequel vaut 1/40000 Euro…

Ce qui prédomine, c’est que même si tout est compliqué, vous pouvez TOUJOURS compter sur les Iraniens pour vous aider. C’est à peine croyable. Hier, un jeune nous aborde en parfait anglais et nous demande comment il peut nous aider. Nous lui demandons où trouver la boulangerie la plus proche. Il nous l’indique, part ensuite et revient 15 minutes plus tard nous offrir du pain… Avec des pommes en bonus.

Mais reprenons le récit, je promets d’essayer de faire court.

Après Téhéran, en route vers Kashan

Kashan est l’étape habituelle des « tour operators » entre Téhéran et Ispahan. Nous y faisons donc une halte et arrivons le soir sur un parking en pleine ville. Lors de notre ballade de repérage et approvisionnement, nous rencontrons un sympathique groupe de Français.
Le lendemain, visite de la très belle ville, du Bazar tout proche20161022_104259-medium 20161022_111708-medium, de la magnifique mosquée avec école Corannique20161022_115433-mediumdscf4989-mediumet enfin d’une maison/palace locale (On France on dirait je pense Hôtel particulier..)  dscf5031-mediumdscf5030-medium dscf5028-medium dscf5034-medium dscf5037-mediumNous y trouvons également un excellent restaurant dans un cadre ‘typique reconstitué »dscf5045-mediumDans l’après midi, nous visitons également le « fin garden », classé au patrimoine de l’Unesco. Un véritable petit havre de paix pour boire notre « délicieux nescafé »…
20161022_160142-medium dscf5063-medium

Un mollah s’y trouve pour répondre aux questions sur l’Islam…chiche !dscf5062-medium dscf5053-medium dscf5048-medium
Esfahan nous voici

Ispahan, Esfahan, Isfahan… tout cela c’est pareil selon les langues mais pas pour les GPS… Bref, nous arrivons à la nuit tombante en pleine ville (encore 1,5 millions d’habitants). Nous trouvons facilement le parking habituel des blogueurs, mais l’entrée est cachée et je la manque deux fois ! Un policier me choppe avec le sourire et et m’envoie vers le parking  de l’hôtel Abassi d’où je me fais refouler ! Il est pourtant souvent utilisé aussi par d’autres CC… retour à la case départ avec succès cette fois.

Le lendemain, visite de 13Km en vue… La plus belle ville du monde (encore une ??), cela se mérite :). Comme toutes les villes d’Iran, Esfahan a été la capitale d’un empire gigantesque à une époque ou une autre, puisqu’il y a eu une dizaine d’empires dans le coin :). Nous y visitons l’immanquable place de l’imam, dscf5098-medium20161023_111435-medium20161023_111233_pano-mediumson palace 20161023_115829-mediumdscf5157-mediumdscf5122-mediumet ses magnifiques mosquées20161023_135045-medium20161023_144033-medium dscf5136-medium dscf5158-medium dscf5125-medium20161023_143852-medium20161023_142658-medium

En fin d’après midi, les grandes vont même s’offrir le tour de la place en calèche ! un vrai petit bonheur qu’elles vont partager toutes les 320161023_170115-mediumpendant que Manon charme toute la placedscf5162-mediumLe soir, nous rentrons rincés et découvrons un 4×4 de baroudeurs allemands collé à nous. Un petit bonsoir sympa et tout le monde s’écroule dans son lit :)
20161024_093404-mediumLe lendemain, ballade le long du fleuve… enfin presque vu qu’il est à sec en cette saison mais interdit de baignade quand même.dscf5169-medium Nous y admirons le pont aux 33 arches dscf5166-medium et traversons le pont Khadju.dscf5178-mediumdscf5186-medium Nous nous rendons ensuite dans le quartier Arménien visiter les églises aux fresques merveilleusement préservées (et/ou restaurées). 20161024_145140-mediumdscf5220-medium20161024_145837-medium dscf5192-mediumAprès cette ballade épuisante, retour au CC ( taxi à 2.5€) en fin d’après midi. Nous souhaitons trouver un dodo plus paisible et gazonné pour le soir. Nous passerons deux nuits en banlieue d’Esfahan près d’un parc.

Les iraniens sont formidables…

C’est là que je vais rencontrer Armir. Il m’aborde et me propose son aide. Je lui explique chercher un site de remplissage de gaz. Ni une ni deux : il me prend sur sa 125, bouteille vide à la main et m’emmène voir un « petit vieux dans un market » qui remplit les bouteilles de pique nique. Ce dernier va me prendre ma bouteille et se débrouiller à travers toute la ville pour me la remplir… le bonheur ! Et en plus pour moins de 8€. Qui plus est, après m’avoir offert le thé chez lui, Armir reviendra me chercher en voiture pour aller récupérer la bouteille. Au passage, il m’offre 3 litres de soupe iranienne préparée par sa maman pour nous. Ils sont trop fort ces Iraniens (je n’aurais pas pas dit cela des Turques moi ??).

Le lendemain, nous partons pour aller visiter Persépolis, d’où je vous écris

IRAN – 2 ans… à Téhéran !

Rappel de l’épisode précédent

Nous quittons Tabriz après pas mal d’émotions pour rouler vers la mer Capsienne.

La montagne en Iran

Nous avons pas mal de kilomètres à faire en Iran et seulement 30 jours pour cela. Il faut donc rallonger les « sessions routes » afin de prendre notre temps durant les étapes.  Ce premier tronçon nous réserve une surprise de taille. A l’approche de la mer, nous allons redescendre du plateau Iranien qui se trouve à 1000m  d’altitude. C’est une formidable transition de paysage, d’un désert rocailleux à une plaine verdoyante bordant la mer ! Juste avant de descendre, nous croisons même… une incroyable mer de nuage (nous sommes juste au dessus d’eux) 20161009_211034_pano-mediumBon le hic est qu’il va falloir les traverser pour descendre. Un épais brouillard pluvieux, de nuit, avec la conduite « originale » des Iraniens. Je vous garantis qu’on ne rigolait pas dans le CC :).dscf4826-mediumUne fois en bas, nous faisons un dodo en bord de mer à Astara, ville frontalière avec l’Azerbaïdjan puis descendons vers le sud. Tout est verdoyant et on trouve même des rizières. C’est très proche des paysages du Nord Est de la Turquie, au bord de la mer Noire.
Au passage nous nous faisons contrôler un soir par la « police » :  Deux gentils barbus, en civil, dans une Ford banalisée, m’exhibent une carte de visite froissée et en Farsi. Bref, ils photocopient nos passeports et après 20 minutes nous souhaitent bonne nuit. LE lendemain, nous sommes contactés par l’agence ayant préparé nos visas : La police s’inquiète car nous ne sommes pas dans une étape prévue. Nous voici avertis : L’Iran aime savoir exactement où nous allons. Nous ferons maintenant attention.

Massouleh, le village dans les nuages

Nous nous écartons de la côte  pour visiter Massouleh, un village accroché à la montagne. Les maisons sont construites en terrasses si proches que le toit de certaines sert de rues ou de place publique aux autres. Le village se trouve à une altitude parfaite pour ce jour là : Le plafond de nuage flirte avec les cimes environnantes.dscf4832-medium dscf4837-medium dscf4858-medium dscf4855-medium Après cette visite, nous retournons vers la mer et trouvons de beaux dodos 20161017_073551_pano-mediummais… il pleut trop à notre gout. Nous accélérons donc le pas vers Téhéran et son plateau. Il nous faut donc retraverser la mer de nuage mais en montant cette fois :).

Téhéran et son « camping »

Depuis notre arrivée en Iran nous avons pu vérifier que ses habitans adorent le pique-nique/camping. Ils déboulent avec le coffre plein de tapis, théières, tentes, barbecues,bonbonnes de gaz et s’installent n’importe où pour la journée ou plus. On les voit partout ! Le très bon côté est qu’il y a partout des aires gratuites (ou très peu chère) pour cela avec eau, toilettes et parfois prise pour les portables.
A Téhéran on nous promet des bouchons et une circulation démente (14 Millions d’habitants). Nous ciblons donc un de ces « campings » près du Mausolée de l’Ayatollah Khomeini et allons visiter la ville en métro.dscf4979-medium dscf4980-medium Formidable aventure avec des plans en Farsi sans anglais, des correspondances, une poussette et 4 enfants à l’heure de pointe :). Heureusement, les Iraniens sont toujours là pour vous aider et nous sortons vivants de l’épreuve. Romane a quand même du être protégée dans un cercle que 4 Iraniens hilares et moi avons formé afin qu’elle puisse respirer :) Stéphanie et les trois autres filles étant dans le wagon réservé aux femmes….

Nous visitons le palais du Golestan dscf4896-mediumdscf4867-mediumdscf4878-mediumdscf4885-mediumet errons avec succès dans le bazar à la recherche du cadeau de Manon. 20161019_140506Puis nous terminons la journée par la « Tour de la Liberté » (oui oui). 20161019_165902-medium 20161019_170005Joyeux anniversaire Manon  

Nous sommes le 20/10/2016. Notre super « bébé 4 » a 2 ans aujourd’hui. Fêter ses 2 ans à Téhéran, c’est quand même la classe, non ? Ses sœurs lui ont chacune préparée un cadeau (Cahier d’activités, livret de personnages ou petit livre d’histoires).dscf4927-medium dscf4936-medium dscf4940-medium Elle reçoit également la fameuse « ardoise magique » dégottée la veille au Bazar.dscf4951-mediumLe gâteau est une spécialité locale, sorte de brioche dense à l’arrière gôut de noix. Ça ne vaut pas la « petite boulangerie » mais Manon adore.
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En fin de journée, nos visitons le Mausolée de l’ancien Guide Suprême Khomeini. C’est une mosquée gigantesque au centre de laquelle repose son tombeau (avec un pote barbu stocké juste à côté). Pour l’occasion, les grandes doivent enfiler une tenue plus « conforme » aux préconisations de l’Ayatollah.dscf4964-mediumIl est dans la grosse boîte au milieu. dscf4970-mediumREgardez,Stéphanie a transformé l’eau en vin… Trop chouette. Ha non ? Ce sont les fontaines du « sang des martyrs ». Zut !  dscf4961-mediumL’Iran a un culte très fort des soldats morts (sacrifiés?) durant la guerre Iran – Irak (1980-1988). Ce culte est fortement soutenu par la république Islamique qui les a élevés au titre de martyrs et affiche leurs photos partout. Elle en appelle souvent au « respect du sang des martyrs » pour ramener les gens dans le rang via leur fort amour de leur patrie.

La vie en Iran : Que mangeons nous ?

Pendant nos 3 premiers jours, nous avons été quasiment nourris par les Iraniens. C’est l’effet « Achura ». Maintenant, nous devons nous gérer nous mêmes (même si nous recevons toujours quelques dons spontanés).

Nous avons d’abord découvert le pain du pays. Il y a des « lavash » proche des turques (pain aplati en fine crêpe dentelée). Il y a surtout les Barbari : de grands pains assez plats de 30*80 cm, cuits à la demande. Ils sont délicieux mais se conservent mal, à l’inverse du lavash.

Pour cuisiner, nous pouvons compter sur les tomates et concombres. Mais un repas sur deux se fait en trouvant du snack local ou en achetant à emporter. Les prix sont alors très acceptables. On peut trouver un plat complet pour 40 000 rials (1 Euro) par personne. Cela nous permet de découvrir ce que mangent vraiment les Iraniens car nous entrons dans les « bouis bouis » plein de locaux. 20161016_133439-medium20161019_133823-mediumIl y a parfois des expériences gustatives formidables et d’autres… qui sont des épreuves :). Prenons par exemple les soupes épicées enrichies aux fèves ou au lentilles. Toutes sont peu chères, préparées dans un chaudron gigantesque et ont une allure peu engageante.20161016_133456-medium 20161019_133833-medium 20161019_133842-medium Certaines sont délicieuses, d’autres sont vraiment seulement… nourrissantes :). Il faut signaler ici que les filles ne nous déçoivent pas. Elles goutent et mangent de tout alors que les saveurs sont vraiment très nouvelles.

La vie en Iran : que buvons nous ?

Hé bah devinez… de l’eau pardi, et rien d’autre. La bonne nouvelle est que l’eau potable iranienne est très saine et en libre service partout. Nous buvons donc tous l’eau du robinet depuis 10 jours sans aucun souci.

La vie en Iran : La route

Les routes sont belles car nous suivons les grands axes. En montagne, j’hallucine parfois car les routes sont construites sur des terrassement très minces, les tunnels ne sont pas bétonnés et parfois la route est creusée mais il reste du roc en surplomb ! Sur les autoroutes, il y a des zones de demi tour. On serre à gauche et on fait une boucle. Surprenant au début mais on s’y fait.

Le vrai trip, ce sont les Iraniens. On m’avait fortement averti mais je ne suis pas si effrayé que cela. Ils ne sont conduisent pas vite ou ne s’injurient pas, ils font juste n’importe quoi. Par exemple remonter l’autoroute à l’envers par la bande d’arrêt d’urgence (enfin celle à droite de la ligne blanche quoi…). Ils le font aussi de nuit, sans phare pour certains…

Dans la circulation, pas de priorité reconnue. Chacun s’avance jusqu’au bout pour voir qui va s’arrêter. Mais cela se fait sans agressivité si bien que cela fonctionne. Il n’y a d’ailleurs quasiment aucun feu qui soit opérationnel : tout se gère ainsi.

Il y a aussi un truc incroyable : traverser une route à pied est un voyage. Il faut marcher doucement et slalomer entre les voitures qui ralentissent en décalé pour vous laisser passer (poussette ou pas). Il y a bien des passages pourtant, mais comme les feux ils semblent être « pour la déco ». Quand il y a 4 files, vous zigzaguez donc entre les bagnoles lancées à 80 Km/h.

IRAN – entrée mouvementée mais quel accueil !

Entrée en Iran (pas de photo à la douane…)

On fouille très légèrement mon véhicule et on m’envoie rejoindre « les femmes » qui attendent depuis plus d’une heure au bureau des douanes. Là je retrouve la famille et nous complètons nos fiches Interpol. Puis on nous confie à un « arrangeur de procédures ». C’est un type qui, nous dit-on, « n’est pas douanier mais est connu de tous et maitrise parfaitement les procédures. Il peut nous aider pour quelques euros. Nous pouvons faire nos démarches nous même, ce sera juste long… Très long… Nous avons le choix ».
Tu parles d’un choix, la douanière lui donne directement nos six passeports et il me prend le carnet de passage en douane du camping car. Il court voir tous ses copains, fait signer à droite, des photocopies à gauche et des tampons au milieu. Puis la bouche en cœur il me propose de changer de l’argent au cours annoncé par la douanière. Je lui échange donc mon retrait d’argent turc du matin. Il se met à compter à 200 à l’heure et me file 50 billets qui valent plusieurs millions de rials (la monnaie Iranienne est un peu dévaluée…). Épuisé, je lui lâche 10 euros pour « son aide à la procédure » et nous entrons en Iran.

Comment j’ai perdu 300 Euros  

Une fois passé, nous soufflons un peu et nous garons près d’un square pour manger. Stéphanie prend le temps de recompter l’argent et m’annonce qu’il nous manque 300€ au compte,enfin 1000 livres turques, soit 11 000 000 rials, donc 1 100 000 tomans. Je suis alors convaincu de m’être laissé arnaquer et suis atterré. Je n’ai plus faim. On nous a tellement parlé de l’honnêteté des iraniens, le pays le plus sûr du monde, etc. Je me rebiffe, fais demi tour bien décidé à remonter le poste de douane, sa douzaine  de barrières et tenter la contestation. En Iran, il faut TOUJOURS garder son calme. Je me présente donc et fais un « scandale à voie basse » en expliquant à tous ses collègues, aux douaniers et soldats présents que « mon aide à la procédure » a du faire une erreur « qui m’étonne ». C’est le branle bas de combat, on m’offre le thé et on le rappelle en catastrophe. Tout le monde est extrêmement mal à l’aise. Je reste dans mon rôle « du brave touriste confiant qui ne comprend pas cette erreur énorme ». Après une heure, mon « ami » revient. Nous discutons et il me soutient mordicus que je ne lui ais pas donné la somme que je prétends. Je renâcle, souffle, râle mais garde mon calme. Puis je réalise n’avoir pas recompté l’argent sorti du distributeur turc et me souviens de la mendiante provoquant mon départ précipité (sans prendre le ticket). Devant témoins, je lui fais jurer sur Allah qu’il dit vrai et m’incline en moi même : j’ai simplement quitté le distributeur avant la sortie d’une seconde liasse… La boulette fatale ! Après cette expérience et plusieurs jours en Iran, je vous confirme que la réputation des iraniens est bien fondée : ce sont des gens extrêmement honnêtes.

L’iran commence mal : J’ai perdu 300€, accusé un Iranien devant les douanes et finalement remplacé un stress monumental par de la culpabilité. Fort heureusement, tout va s’arranger au contact de ce beau pays.

Achura, la principale fête religieuse Chiite
Nous arrivons pour la première veillée de Achura, la plus grande commémoration chiite en l’honneur de Hossein. Elle dure 4 jours durant lesquels on évoque partout le martyr du petit fils du prophète mort au combat pour défendre l’Islam (chiite) contre ses hérétiques de l’époque. On nous recommande de vite rejoindre une grande ville car en campagne « tout sera fermé » durant ces jours. Nous dormons donc dans une gare routière pour filer dès le lendemain vers Tabriz (1 500 000 habitants). La nuit est agitée car les Iraniens forment des processions avec grosses caisses et haut-parleurs. dscf4744-medium dscf4738-mediumIls psalmodient et se frappent la poitrine en rythme en mémoire de Hossein. C’est impressionnant et me rappelle les processions catholiques aujourd’hui presque disparues.

Tabriz, les Iraniens, Mohammed et Asma ainsi qu’Armin

Nous filons dès le matin vers Tabriz (1 400 000 Habitants) pour visiter son bazar et ses environs. Nous arrivons le soir et sommes lâchés par le GPS qui ne nous détecte plus en pleine ville.
Ma copilote, sa carte et la boussole vont tout tenter durant 1h30. Durant cette ballade, plusieurs personnes viennent nous offrir des paquets entiers de nourriture… Sympa les Tabriziens ! Nous découvrirons plus tard que Achura est une période de don alimentaire en mémoire de Hossein et de ses guerriers affamés par l’ennemi. Finalement, grâce à un taxi qui nous aborde puis nous guide nous atteignons le charmant parc « El Goli » et son lac, recommandé dans le blog de nos chers précurseurs du tour à cinq.20161009_162749_pano-medium 20161009_162732-medium 20161009_162616-medium 20161009_163119-mediumLà encore, on nous offre de la nourriture. Il ne nous manque que du pain pour le lendemain et Stéphanie m’explique « pas grave, on viendra surement nous l’apporter ».
C’est alors que nous sommes abordés par un « Bonsoir Monsieur ». Mohammed et sa femme Asma parlent le français.dscf4740-medium Ils passent le début de soirée avec nous dans le parc. C’est une occasion exceptionnelle d’échanger sur nos pays, comprendre l’Iran et ses coutumes.
Le lendemain matin, je pars chercher du pain et demande à des passants (le taux d’anglophones est très fort ici). Ils cherchent avec moi mais tout est fermé, c’est Achura ! Je rentre donc bredouille mais pas pour longtemps. ils reviennent 10 minutes m’offrir du pain qu’ils ont finalement trouvé. Cinq minutes derrière eux, un brave homme nous amène un « kit maison petit déj Azeri » avec pain chaud, fromage frais sucré et miel… dscf4742-mediumStéphanie avait raison ! Je fais au passage avant de partir la connaissance de Armin, un jeune Tabrizien de 17 ans à l’excellent anglais qui souhaite étudier la médecine en Europe de l’ouest l’année prochaine. Il est 10h quand nous sommes tous prêt à partir quand Mohammed réapparait. Libre en ce jour de Achura, il se propose de nous accompagner dans nos visites ! Nous partons donc tous ensemble vers Kandovan, un village troglodytique toujours habité. dscf4787-medium dscf4785-medium dscf4780-medium dscf4775-medium dscf4772-medium dscf4764-medium dscf4766-medium dscf4756-medium dscf4749-mediumLe midi, notre guide d’un jour nous « a trouvé » une maison d’accueil pour nous offrir le repas d’Achura. En ce jour, les gens accueillent et nourrissent chez eux tous ceux qui le souhaite. Nous sommes séparés, « les femmes » et moi et passons un agréable moment d’immersion. Achura est la commémoration d’un triste moment mais il n’en reste pas moins un fort moment de communion. Nous visitons ensuite quelques endroits clés de Tabriz et quittons Mohammed qui nous aura même ramené jusqu’au Parc !  dscf4798-medium dscf4803-mediumle jour suivant, nous retournons dans Tabriz voir ce qui était fermé la veille pour Achura. La mosquée bleue et le grand bazar. (photo)
J’en profite pour acheter une carte 3G en échange d’une copie de mon passeport, de mes empreintes digitales et d’une fiche Interpol :). Le midi, nous sommes interpellés par un groupe d’hommes qui font la queue. On nous fait passer en priorité pour nous offrir un repas sur le trottoir, entouré de 150 personnes de la communauté. C’est toujours l’effet Achura. Certains offrent le pain, d’autres les patates et les œufs, d’autres leur service afin d’organiser un grand repas gratuit pour tous. Nous terminons ensuite la ballade et les visites en ville. 20161009_133843-medium 20161009_141140-mediumNous passons par la fameuse Mosquée Bleue qui a été à 90% reconstruite après un tremblement de terre. On admire surtout les céramiques et les proportions impressionnantesdscf4810-medium dscf4805-medium Enfin nous rentrons « chez nous » pour que les filles travaillent leurs cours et que nous préparions le départ du lendemain.

Comment j’ai perdu 47 € (je progresse m’enfin…)

Le soir, impossible de faire fonctionner ma carte. Je teste sur le téléphone de Stéphanie sans plus de succès (et pour cause ma carte n’est pas encore activée) mais oublie après coup de lui couper le réseau. Je m’en rends compte 5h plus tard, alors que le MégaOctet est facturé 10€ en roaming (oui oui!) et que ce téléphone  a 3 mois de mails en retard. J’en dors à peine, me voyant avec une facture de 10000€ sur le dos, voire beaucoup plus…. Affolé le lendemain, je demande à plusieurs passants de me prêter leur téléphone avant de réussir à découvrir sur le site de Free un montant de 47€… je suis soulagé .Pour me remettre, je bois un thé avec Armin (arrivé entre temps) qui refuse de me voir payer…  Hospitalité oblige !

Après toutes ces émotions, nous partons vers la Mer Caspienne pour l’ajouter à notre palmarès ;).